19 avril 2018

Chronique My Book Box #2 : Prête à tout de Joyce Maynard


Second ouvrage de My book box #6 : "Histoires américaines"
Quatrième de couverture
Suzanne Stone ressemble à ces filles trop parfaites des magazines. Elle a tout pour être heureuse: elle est jeune, belle, mariée à un homme qui la vénère, installée dans une jolie maison. Mais Suzanne n'est pas une poupée. Elle veut davantage, bien davantage...
Isolée dans une petite ville de province, elle décide que la télévision sera son royaume: à force de conviction, elle obtient un poste dans la station locale. Bientôt, elle parvient à présenter le bulletin météo, puis, persuadée d'être vouée à un brillant avenir, réalise avec un brin de naïveté et beaucoup d'ardeur son premier reportage.
Qu'a donc encore de commun cette créature sculpturale descendue de l'olympe télévisuel avec son entourage, sa famille, son mari... Énigmatique, perverse, désireuse de balayer son passé d'un revers de main, la jeune femme va vite utiliser sa nouvelle aura à des fins meurtrières.
Et l'écran de télévision de se teinter couleur rouge sang... 

Pourquoi avoir choisi "Prête à tout" ? Réponse de Mélanie de My Book Box :
Tout d'abord pour son auteur ; j'ai découvert Joyce Maynard par son œuvre autobiographique "Et devant moi, le monde", dans laquelle elle raconte l'histoire d'amour qu'elle a vécue avec Salinger. Mais je tenais aussi à découvrir quelle femme de lettres se cachait derrière cet épisode ;

 
j'ai donc pioché dans sa biographie - mais pas complètement au hasard, car j'avais beaucoup aimé l'adaptation cinématographique que Gus Van Sant avait réalisée de "Prête à tout' (avec la formidable Nicole Kidman). Bon souvenir certes, mais suffisamment lointain pour ne pas parasiter ma lecture du roman. Et je dois dire que, une fois la première ligne lue, je n'ai pas pu m'arrêter. Grâce à l'histoire en elle-même qui, derrière le fait divers (le livre est inspiré d'une histoire vraie), dépeint une Amérique ambitieuse, cynique, mais aussi perdue et touchante. Grâce à la structure, ensuite, car l'alternance des points de vue (trop souvent utilisée comme "outil" littéraire sans vraiment de sens) apporte ici une vraie richesse et crée l'attente, la surprise, tout en permettant une construction impeccable des personnages. Grâce aux tons enfin, mélange de comédie et de tragédie distillées avec subtilité. Bref, un vrai coup de cœur !


Ma chronique  
Un récit aux multiples narrateurs, qui se contredisent les uns les autres dès les premiers chapitres... Idéal pour ménager le suspense et rendre le lecteur actif, le transformer en détective !
Les personnages nous parlent directement comme s'ils étaient interrogés et ça rend le texte extrêmement vivant. Ils ne prennent pas de pincettes et essaient tous de faire passer un message, de se disculper en quelque sorte (dans la plupart des cas), de protéger les leurs et de se protéger eux-mêmes. Mais ils commettent aussi des erreurs et nous livrent des indices dont nous nous emparons avec enthousiasme afin de reconstituer ce puzzle qui petit à petit prend forme.
En bref, un texte très intéressant qui donne envie de visionner le film !


Nous apprenons dans la postface de 2015 que l'intrigue a été inspirée à Joyce Maynard par le procès de Pamela Smart et que l'intrigue ne correspond pas à son histoire (car Joyce s'est bien gardée de s'intéresser de trop près aux faits afin d'écrire une fiction qui lui permettrait de comprendre comment des personnes pouvaient se transformer du jour au lendemain en meurtriers. Ce roman est donc une quête de la compréhension d'un fait divers...

Quelques jours après l’arrestation de Pamela Smart, je m'attaquai à l'écriture du roman qui allait devenir Prête à tout. Non pas parce que j'avais une parfaite compréhension de cette histoire. Mais justement parce que je ne la comprenais pas.

(...) indépendamment de la réalité, quelles qu'aient été les motivations de ce garçon et de ses trois complices, pour mettre fin à la vie de Grégory Smart cette nuit-là, je finis par entrevoir ce qui avait poussé mon personnage de roman à commettre un meurtre.

Ce roman ne peut que nous toucher car le personnage principal, Suzanne, obsédée par sa quête (être journaliste TV), ne pense qu'aux apparences, ne s'intéresse qu'à sa beauté, sa minceur et partage allègrement ses connaissances en la matière comme si seules ces informations étaient essentielles (en tout cas pour elle). Ce récit de la réalité et des apparences, de l'illusion, ne peut que toucher car dès le départ le personnage est condamnée et fera les frais de son "hubris". Elle n'est pas seule car dès sa naissance, tous, en particulier ses parents, sont subjugués par sa beauté, par son apparence, et le lui répètent à l'envi.

(...) mon livre ne parle pas d'un crime précis ni d'un groupe de personnages réels. Il évoque avant tout certains aspects de la culture américaine et, de plus en plus sans doute, de la culture européenne : l'obsession de l'image aux dépens du contenu 

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Gabriel et Marie-Hélène.